J'ai dans mes brouillons un certain nombre d'articles intitulés Babel. Il parlent évidemment du langage, des hommes, de dispersion, d'intelligence, de bien commun, et attendent d'être retouchés avant édition. C’est par Murat, et par sa mort, que pourrait donc commencer ce cycle Babel. Voila comment souvent naissent les cascades. Plus forte que la flemme qui empêchait une envie d'aller à son terme, une émotion emporte tout.
La mort de Murat m'a bouleversé. Ce fut réellement physique. Et c'est un peu perdu dans ma tristesse, et comme une façon de sonder celle de l'autre, que je lui demandais si elle avait un album, une chanson, préférés de Murat (je demande ça toujours en plaisantant, je suis assez seul dans mes obsessions musicales). Mais elle me surprend à répondre sans réfléchir : celui de 2014, évidemment, le double album Babel, la Toussaint dans le Cantal.
Babel, bien sûr, à un moment où nous parlions l'un contre l'autre, l'un sans l'autre, où plus aucun mot ne s'entendait. Le vent, le froid, l'altitude, la peine, la peur, la fatigue, les hurlements, le silence. Le givre blanc et craquant. Les troupeaux. Le vide.
L'album le plus terrien de Murat, probablement aussi, avec Le manteau de pluie.
Babel.
Le siège de l'âme c'est la forêt
Le brouillard
Les genêts
Je ne suis plus celui qui a chanté
Où finir
Où aller
Dans un grand silence de
Printemps
Un troupeau
Un enfant
Quelle dernière syllabe tant
Aimée
Dans ma nuit
Haut perchée
Et n'y puis rien changer...
Pour ma part, je garde un faible (en relation avec la marche, mais plus du tout avec le sujet "Babel") pour Taormina.
