L'histoire a tout pour plaire : identifier des reliques antiques en plein conflit irakien, en naviguant entre les forces en présence, pour prévenir leur disparition.
Histoire de mémoire, histoire de préservation. Pas trop en fait.
Les personnages (masculins) sont puissants, infatués, trop sûrs d'eux, surnagent dans la guerre, les trafics, les relations internationales. Ils sont général, archéologue, chef terroriste, patriarche de monastère, chef de tribu. Ca sent le roman noir politique, le James Bond livresque. Ils tirent les ficelles, ils parlent peu. Ils sont tous très chiants, sûrs d'eux, le regard porté vers l'horizon, certains de leur victoire ou au moins de leur destinée. C’est l'écueil de ce roman : tout déborde, dans ce qui est dit. Des personnages de roman d'espionnage, taille "service secret de sa majesté", un paysage plus grand encore, aucune demie mesure, aucune balance, aucune tempérance. Dans tout cet étalage de muscles et de neurones, rien n'est finalement plausible (ou bien ça l'est trop, mais si la réalité peut ressembler à ça, elle doit être pire encore). Divertissant.
Photo de Levi Meir Clancy sur Unsplash : Sinjar, 2020
Rien que ce titre. L''ironie de ce titre... Où cet abîme pourrait être un lieu de promenade pour Dante.
Disons-le tout de suite, le récit n'a qu'un défaut, celui des livres courts quand ils sont bons : ils mordent, ils brûlent, laissent une trace, mais à peine un souvenir. C'est brillant, précis, chirurgical, mais on s'en remet presque trop vite. Par contre, y replonger les yeux, c'est ressentir la morsure aussi douloureusement. Ces mots-là sont habités.
Bel abîme est un roman explosif, un manifeste sur toutes les strates de l'absurdité, de la violence, du mensonge, et de l'incontrôlable colère qui en résulte. Il se passe en Tunisie, mais son universalité est évidente.
Dans le silence qui suit la jouissance.
L'amant apaisé sur le ventre de l'amante. Ses lèvres au creux de son cou.
L'abandon presque immobile, les corps à peine soulevés par leurs souffles. Les yeux clos, quelques frissons traversent une sorte de rêve suspendu loin encore de la lumière du jour.
L'amant soupire. Un long soupir, lent, lourd, tremblé.
Presque un chagrin.
...ou... Histoire d'un titre (c'est amusant de constater que beaucoup de titres qui me bouleversent ont une histoire très singulière).
Je monte le son. Un peu plus, toutes les dix-quinze secondes. Rien à faire. Cette mélodie parfaite ne s’écorche pas dans les décibels. Finalement poussé au maximum, le son reste pur, clair, juste. La mauvaise acoustique de la voiture n'y fait rien. Le titre a cette sorte de magie dont rien ne vient à bout.
Il y a tout Mozart dans le motif principal de la flûte. Une perfection, une évidence, une intouchable fragilité, une étrange certitude. C'est métaphysique : pourquoi y a-t-il ça plutôt que rien ? et pourquoi le "ça" nous parait-il si naturel et fondamental, comme le feulement du vent, le clapotis de l'eau...
Nouvelle playlist (je reprends le collier, puisque celle de juin, la parution étant depuis toujours trimestrielle, avait été zappée), qui regroupe tout ce que j'ai mis de côté en presque six mois. Ça ne fait pas énorme, ça suffit à agrémenter quelques heures quand-même, mais j'avoue que je me suis un peu tari, me tournant volontiers vers le "classique" (à ce titre, ma série de "abracadabras" devrait être plus importante que les années passées) et surtout un peu éloigné de cette curiosité, astreint à la réalisation du BP de ma future librairie.
Sinon, ça regroupe toujours, de manière très aléatoire (c'est toujours le même reflet de la courbe de mes émotions à un instant T, ça monte et ça descend en permanence) du vieux, du neuf, du baroque, de la pop, du brutal, du kitsch...
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