Sans blanc

Posté par Nico dans Voir - 18 juin 2021 10:50

Alors au départ, je n'avais pas percuté que j'avais pris des tickets pour l'expo de la photographe-cinéaste qui a fait les pubs Cacharel mièvres-édulcorées-pastel-évanescentes des années 90. A priori négatif dans la première salle. Mais dès le second mur, bam ! Sarah Moon captive par la matière qui déborde du cadre.


Énorme boulot, énorme style, énorme émotion, énorme inspiration.
A montrer à tous ceux qui se satisfont d'Instagram : la Photo, c'est s'éloigner du stéréotype vers lequel convergent des "J'aime" flemmards, tièdes et suiveurs, et c'est surtout un support physique, choisi, travaillé, préparé, pas un écran rétro-éclairé.
La baffe que l'on prend à regarder les œuvres de Sarah Moon vient de ça : ses sujets ne sont pas neufs, mais l'originalité des traitements, grands formats gros grain, couleurs baveuses et saturées, traitements des noirs et blancs "bronzés", traînées humides des fixateurs, imperfections, bulles, rayures, marques de scotch, le choix esthétique est celui d'un maître.

Et dans le monde de Sarah Moon, à l'image de son goût pour les contes les plus noirs, le blanc n'existe pas, même sur une route toscane photographiée en plein été sous un soleil accablant à son zénith.
Ce simple parti-pris luI permet d'extraire ses sujets de leur lieu : les statues, les personnes, les villes, n'appartiennent à aucun temps ni aucun espace. On identifie, bien sûr, des plages, des usines, des émotions, mais ils servent la représentation d'autre chose, plus terrien, plus ondulatoire, plus dense, atomique.

Comme la révélation d'un cadre qui ferait tenir les choses debout... Ça n'a probablement pas trop de sens...

 

 

Et ça me fait tellement penser à l'esthétique de GY!BE

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