"Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le Grand Pan est mort."Quelle énigmatique sentence :" Le Grand Pan est mort". Surtout lorsque Pascal vient percuter une pochardise de Brassens...
Le Grand Pan m'est entré dans les oreilles il y a assez longtemps maintenant avec l'album L'Homme du Moment, d'Alexis HK. Grand fan de Brassens et de reprises, il a dépoussiéré la composition du vénérable moustachu avec une version endiablée de la chanson, ode (paradoxale de la part du bonhomme) à une liberté qui (légère extrapolation quand même) serait nostalgique d'un passé permissif, même religieux, par rapport à une modernité rationaliste, soumise à la rentabilité par toute sorte de Professeurs Nimbus.
Pour le plaisir, le son d'Alexis HK, plus agréable à mon avis que l'originale, et les paroles de Brassens :
Du temps que régnait le Grand Pan,Les dieux protégeaient les ivrognesDes tas de génies titubantsAu nez rouge, à la rouge trogne.Dès qu'un homme vidait les cruchons,Qu'un sac à vin faisait carrousseIls venaient en bande à ses troussesCompter les bouchons.La plus humble piquette était alors bénie,Distillée par Noé, Silène, et compagnie.Le vin donnait un lustre au pire des minus,Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "La bande au professeur Nimbus est arrivéeQui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,Chasser les Dieux du Firmament.Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.Quand deux imbéciles heureuxS'amusaient à des bagatelles,Un tas de génies amoureuxVenaient leur tenir la chandelle.Du fin fond du champs ÉlyséesDès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",Ils accouraient à l'instant mêmeCompter les baisers.La plus humble amouretteÉtait alors bénieSacrée par Aphrodite, Éros, et compagnie.L'amour donnait un lustre au pire des minus,Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.Aujourd'hui ça et là, les cœurs battent encore,Et la règle du jeu de l'amour est la même.Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.Et quand fatale sonnait l'heureDe prendre un linceul pour costumeUn tas de génies l’œil en pleursVous offraient des honneurs posthumes.Et pour aller au céleste empire,Dans leur barque ils venaient vous prendre.C'était presque un plaisir de rendreLe dernier soupir.La plus humble dépouille était alors bénie,Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.Au pire des minus, l'âme était accordée,Et le moindre mortel avait l'éternité.Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore,Mais la tombe est hélas la dernière demeureLes dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,Ne doit plus se sentir tellement bien lui-mêmeUn beau jour on va voir le ChristDescendre du calvaire en disant dans sa lippe" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. "
OK... Point final ?
Pourquoi tant d'histoires ?
Quant à la mort des êtres de cette sorte, voici ce que j’ai entendu dire à un homme qui n’était ni un sot ni un hâbleur. Le rhéteur Emilien, dont certains d’entre vous ont suivi les leçons, avait pour père Epitherses, mon compatriote et mon professeur de lettres. Il me raconta qu’un jour, se rendant en Italie par mer, il s’était embarqué sur un navire qui emmenait des marchandises et de nombreux passagers. Le soir, comme on se trouvait déjà près des îles Echinades, le vent soudain tomba et le navire fut porté par les flots dans les parages de Paxos. La plupart des gens à bord étaient éveillés et beaucoup continuaient à boire après le repas. Soudain, une voix se fit entendre qui, de l’île de Paxos, appelait en criant Thamous. On s’étonna. Ce Thamous était un pilote égyptien et peu de passagers le connaissaient par son nom. Il s’entendit nommer ainsi deux fois sans rien dire, puis, la troisième fois, il répondit à celui qui l’appelait, et celui-ci, alors, enflant la voix, lui dit : « Quand tu seras à la hauteur de Palodes, annonce que le grand Pan est mort. »
En entendant cela, continuait Epitherses, tous furent glacés d’effroi. Comme ils se consultaient entre eux pour savoir s’il valait mieux obéir à cet ordre ou ne pas en tenir compte et le négliger, Thamous décida que, si le vent soufflait, il passerait le long du rivage sans rien dire, mais que, s’il n’y avait pas de vent et si le calme régnait à l’endroit indiqué, il répéterait ce qu’il avait entendu. Or, lorsqu’on arriva à la hauteur de Palodes, il n’y avait pas un souffle d’air, pas une vague. Alors Thamous, placé à la poupe et tourné vers la terre, dit, suivant les paroles entendues : « Le grand Pan est mort. » A peine avait-il fini qu’un grand sanglot s’éleva, poussé non par une, mais par beaucoup de personnes, et mêlé de cris de surprise.
Comme cette scène avait eu un grand nombre de témoins, le bruit s’en répandit bientôt à Rome, et Thamous fut mandé par Tibère César. Tibère ajouta foi à son récit, au point de s’informer et de faire des recherches au sujet de ce Pan. Les philologues de son entourage, qui étaient nombreux, portèrent leurs conjectures sur le fils d’Hermès et de Pénélope.

Quelques références :
https://aldoror.fr/2018/01/07/le-grand-pan-est-mort/
http://www.penseesdepascal.fr/Propheties/Propheties22-approfondir.php
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1983_num_200_1_4563