Ils sont beaux mais leur plaisir à être là et ensemble est déjà gâché. Il le sera toujours. Ils sont beaux et ils feignent un naturel qui n'existera jamais. Ils sont beaux mais ils n'ont pas d'existence et n'en auront jamais. C'est un couple qui n'existe pas, mais trouve aussi son plaisir à ignorer ce préalable. Elle a déjà "une vie". Établie. Belle. Une "vraie". Des enfants, grands, un travail, un mari. Une vie dans laquelle il y a très peu d'espace pour lui, en face d'elle en ce moment, encore si jeune, si excitant, avec sa vie, belle aussi. Excitant comme tout ce temps volé, arraché à sa raison autant qu'à son emploi du temps. Arraché avec les ongles, avec les dents.
Ils sont beaux, mais ils n'existent pas.
Dans la catégorie "la récurrence de ce sujet est trop fréquente ces dernières semaines pour ne pas être un message caché à déchiffrer", ma paranoïa se porte cet été sur l'épisode biblique de l'Echelle de Jacob...
En gros, Jacob est fatigué d'avoir voyagé tout le jour. Il s'endort sur une colline et rêve d'une échelle qui monte jusqu'au ciel, parcourue par des anges, au sommet de laquelle se trouve Dieu (excusez du peu)...
Entendu un air médiéval magnifique sur une chaîne musicale. Après vérification, le titre en est La Blanche Biche, arrangée apr Vincent Dumestre et le Poème Harmonique, ensemble très en vogue dans la remise à l'honneur, très en vogue aussi, des musiques médiévales. Sorte d'archéologie extrapolant ce que nos ancêtres se mettaient dans les esgourdes, à une époque où il était plus courant de mettre sur papier les textes des poètes que les partitions.
Conséquences d'un choix, certains choses trouvent leur fin. Après onze années de formations, je quitte le CNFETP et mes toutes petites fonctions de formateur-intervenant. Difficile pourtant de dire adieu à ces rituels, allers-retours de nuit, nuits d'hôtel solitaires, stress systématique, émulation professionnelle, syndrome de l'imposteur ; à cette petite famille, ces sourires constants, cet enthousiasme, ces encouragements, ce petit écrin, cette ville de crachin, de patrimoine, de concerts, à ce fleuve magnétique le long duquel j'ai souvent erré. Nantes n'est pas qu'une ville où perdre son parapluie. J'ai tissé au fil des années le long du cours de la Loire une sorte de protocole passionnel qui nourrira probablement ma nostalgie pendant quelques mois.
C'est à Murat que tout a commencé. C'est donc à Saint Malo que ça vient de commencer, en pratique. C'est à la CCI que ça commencera techniquement d'ici peu. Puis il y aura les engagements géographiques, financiers, esthétiques, effectifs. Et le bateau, j'espère, profitera du jusant pour voguer bien et loin.
Créer sa boutique est un voyage au long cours. Une idée lente à germer, une graine qui ne meurt pas. Malgré la lenteur, malgré l'incompétence, malgré la crainte.
Exaltant. Terrorisant.
Rien n'arrête l'eau. A Saint Malo, on croit qu'une forêt plantée sur deux rangs en quinconce devant les parapets brisera un tant soit peu l'énergie des marées. Mais la ville est assiégée par les vagues à chaque équinoxe, et les forts coefficients de marée sont de plus en plus redoutés. Reste la beauté presque spectrale de ces géants. D'autres en feraient une installation artistique, les malouins en font les sentinelles de leur ligne de défense. Buzatti aurait sûrement adoré.